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7e Colloque International GeCSO
Gestion des Connaissances dans la Société et les Organisations

Thème du colloque :

Dynamiques cognitives et transformations sociétales :
Comment se forment les connaissances et où nous conduisent-elles ?

Aix en Provence, 4, 5 et 6 juin 2014
Laboratoire d’Économie et
de Sociologie du Travail, UMR CNRS

GeCSO : depuis 2008
Depuis 2008, GeCSO réunit un nombre grandissant de chercheurs et de praticiens afin d’échanger analyses et méthodes à propos de création, représentation et transmission des connaissances.
Sous l’impulsion de Jean-Louis Ermine, c’est une véritable communauté francophone de recherche qui s’est créée.  Regroupant des chercheurs issus de disciplines différentes, ces manifestations ont regroupé des chercheurs appartenant à une trentaine d’institutions et provenant de six pays. Les dernières manifestations ont fait l’objet de numéros spéciaux en matière de publication : Management International, Knowledge Management : Research and Practices, VINE : Journal of Information and Knowledge Management.
Cette communauté francophone fait enfin écho à l’engouement bien ancré dans la communauté internationale pour ces thématiques liées aux connaissances sous différentes formes.
Le management des connaissances est en effet devenu un domaine de recherche à part entière qui se traduit aujourd’hui par l’existence de près de trente revues référencées sur le plan international, avec près de 600 articles publiés annuellement (Blum, 2013)[1]. Mais la constitution d’un champ de recherche francophone ne va pas de soi. Car ce champ prend forcément naissance au sein d’un couplage « organisation-connaissance » et nécessite de fait une véritable interdisciplinarité. Jusqu’à présent, et mis à part quelques exceptions, ingénierie des connaissances et management des connaissances faisaient l’objet de développements séparés.
Investir un tel couplage « organisation-connaissance »[2] nécessite un effort épistémique. Pour reprendre les mots de Piaget lui-même, les chercheurs sont invités à se laisser « pénétrer d’un esprit épistémologiste assez large pour que, sans négliger pour autant le terrain de leur spécialité, [ils soient constamment capables de voir] les rapports avec l’ensemble du système des sciences »[3], voire accepter l’émergence d’une certaine transdisciplinarité.
Au sein de notre communauté en structuration[4], la constitution de ce champ de recherche présente deux propriétés désormais bien identifiées (Ermine et Lièvre, 2013)[5]: tel l’anneau de Möbius, il ne possède véritablement ni intérieur, ni extérieur. En fait, la gestion des connaissances peut être appréhendée comme deux programmes distincts qui peuvent apparaitre opposés, mais convergents.
–          Le premier prend ses origines dans les organisations à risque qui se posent la question de la formalisation du retour d’expérience avant tout, puis globalement de la question de la gestion des connaissances dans une perspective de fiabilité organisationnelle. C’est une démarche endogène qui vient « de l’intérieur » de l’organisation, plutôt centrée sur la modélisation des connaissances.
–          Le second part du constat de l’émergence d’une nouvelle configuration de l’économie contemporaine, en partie portée par des communautés autonomes, qui met au cœur du fonctionnement de l’entreprise la spirale des connaissances créatrices dans une perspective d’un positionnement concurrentiel par l’innovation. C’est une démarche exogène qui vient « de l’extérieur » de l’organisation, plutôt centrée sur les structures sociales propres à générer les connaissances.
Venant à la fois « de l’intérieur » et « de l’extérieur » de l’organisation, cette dynamique subtile doit donc concilier ces deux approches de manière totalement imbriquée.
Un espace de gestion des connaissances doit donc, à l’instar de la bande de Möbius,
« coller » l’approche interne et l’approche externe, au point de ne plus faire de séparation entre ce qui est extérieur ou intérieur dans le patrimoine de connaissances de l’organisation.
Dans ces conditions, quelle conception des études et recherches doit-on retenir ? On évoque beaucoup les démarches « pluridisciplinaires », « interdisciplinaires », « transdisciplinaires ».
Selon nous, la gestion des connaissances est résolument une démarche « indisciplinaire ». Pour un projet donné il est impossible (et d’ailleurs pas souhaitable) de séparer des approches disciplinaires. Il est d’ailleurs significatif que toute personne qui présente son domaine disciplinaire (et pas seulement en management des connaissances) le situe toujours à l’intersection de nombreux autres domaines. Ceci fait qu’on se situe globalement dans un espace où tout est à l’intersection de tout ! Difficile dans ces conditions de séparer des approches disciplinaires spécifiques sur un projet de management des connaissances.
C’est donc qu’il faut résolument aller vers une approche « indisciplinaire » où chaque acteur apporte son corpus spécifique, mais qu’il sera impossible par la suite de séparer des autres corpus. Cette indisciplinarité suppose une véritable transdisciplinarité au sens de Piaget, c’est-à-dire la nécessité de dépasser les interactions ou les réciprocités entre approches spécialisées pour situer les liaisons au niveau d’un système total remettant alors en cause les frontières stables entre les disciplines.
Dans cette perspective, l’explicitation fine du projet de recherche et de son cheminement en termes de reliance entre différentes disciplines devient un préalable épistémique d’une grande importance. Ceci suppose un troisième programme de recherche sur les fondements épistémologiques du management des connaissances. Ce programme possède des fondements solides (Bateson, Morin, Le Moigne, Varela) qu’il nous faut poursuivre. Le chantier est ouvert !

 AGeCSO

L’organisation des colloques GeCSO repose désormais sur une association fondée en 2012 : l’AGeCSO (agecso.com). L’Association pour la Gestion des Connaissances dans la Société et les Organisations est en plein développement. Elle est bi-localisée : en France et au Québec (Montréal en particulier).
Elle soutient l’activité de groupes thématiques : Expertise, Méthodologies de Recherche participative, Transmission des Connaissances, Epistémologie. Elle organise régulièrement des workshops, les derniers se sont tenus à Rabat (Centre en Intelligence Economique et Management Stratégique, octobre 2013), Clermont-Ferrand (tous les semestres depuis décembre 2011), le prochain se tiendra à Oran (Algérie) en Octobre 2014.
L’AGeCSO soutient les activités de deux chaires qui seront présentées au cours du colloque.
La chaire « Management des Connaissances » portée par l’Ecole de Management de Strasbourg se propose de répondre aux défis que représentent les questions de la création, de la capitalisation et de la diffusion des connaissances dans les entreprises.
La chaire « Situations Extrêmes de Gestion » portée par le Centre de Recherche Clermontois en Gestion et Management de l’Université d’Auvergne vise l’étude des situations de gestion au sens de Girin (1990) immergées dans un contexte caractérisé comme évolutif, incertain et risqué (Lièvre, 2005).

L’AGeCSO soutient également des programmes et projets pédagogiques innovants tels que celui de l’Ecole Nationale Supérieure de Cognitique de Bordeaux dirigée par un membre de l’association.
Enfin des séminaires de recherche se tiennent régulièrement en lien avec les groupes thématiques de l’AGeCSO à Strasbourg (BETA et Humanis), Clermont-Ferrand (CRCGM), Evry (Institut Mines Télécom) et Aix en Provence (LEST).

 Le 7ème Colloque

La thématique proposée cette année est celle des transformations sociétales articulées aux dynamiques cognitives.
Plusieurs raisons nous ont orienté vers ce choix. Tout d’abord les traditions d’Aix-en-Provence ancrées dans les Sciences de la Société. Aix-en-Provence est réputée pour ses travaux fondateurs en Psychologie Sociale ainsi qu’en Psychologie Cognitive.
Les travaux de Jean-Claude Abric[6] ont été précurseurs dans l’interrogation de la structure des représentations sociales. Selon Jean-Claude Abric, la représentation sociale se structure en éléments organisateurs, stables et non négociables (formant le noyau de la représentation) autour duquel des éléments périphériques instables et négociables exercent un rôle de tampon à la réalité.
Les travaux de Jean-Pierre Poitou ont également marqué la psychologie cognitive en s’intéressant tout particulièrement à la gestion des connaissances en milieu industriel. Jean-Pierre Poitou a repris le concept d’objet intellectuel développé par Janet pour analyser le fonctionnement des dispositifs cognitifs qui sont à la fois intimement individuels et irrémédiablement sociaux. En cela, il a fourni une contribution essentielle à l’anthropologie des connaissances[7]. Il a d’ailleurs fondé, avec Dominique Vinck, la Société d’Anthropologie des Connaissances qui donnera plus tard naissance à la Revue du même nom.
Les travaux de Nathalie Bonnardel se développent dans le champ de la psychologie cognitive et ergonomique. Ils font l’objet d’une conférence plénière. Cette orientation de recherche est particulièrement stimulante lorsqu’elle nous montre l’effet de l’expertise en conception sur la mise en œuvre de différents processus cognitifs. Trois thématiques structurent ces analyses : les activités individuelles de conception créative et d’utilisation de dispositifs multimédias, les activités collectives de conception créative et de prises de décision en situations dynamiques, le développement et l’amélioration de systèmes d’aide[8].

Ces perspectives trouvent des échos certains, mais également des compléments avec les traditions sociologiques qui sont en particulier portées par le laboratoire qui accueille GeCSO 2014 : le Laboratoire CNRS d’Economie et de Sociologie du Travail. Ce dernier est réputé pour ses travaux en sociologie du travail et socio-économie des comparaisons internationales. Selon une pratique interdisciplinaire, ce laboratoire s’est illustré dans l’analyse des institutions (au sens de système de règles stables) qui permettent la régulation des systèmes socio-techniques de petite ou grande dimension[9]. Il n’est pas surprenant qu’un fort courant d’analyse s’y soit développé en matière de création et de partage des connaissances. Proche du programme de recherche « cours d’action », mais également de l’étude des communautés de pratique et des communautés épistémiques, les travaux du LEST mettent en évidence les dispositifs cognitifs collectifs qui président à la dynamique des connaissances au sein des organisations[10].

Mais d’autres raisons contemporaines doivent être précisées. Interroger les dynamiques cognitives dans une conjoncture économique et sociale pour le moins hésitante n’est pas neutre. Dans une tradition inspirée par Lucien Sfez et sa critique de la communication, par la déconstruction initiée par Derrida, et enfin par les travaux du linguiste et sémioticien François Rastier[11], nous pensons venu le moment de faire œuvre de réflexivité. Une réflexivité qui consisterait à poser non seulement la question de la place que nous occupons dans la recherche, mais également de nourrir la réflexion à propos du dispositif sociétal auquel nous participons.
Il s’agit par exemple d’interroger l’expansion remarquable des théories de la communication et de la cognition au sein de l’enseignement et de la recherche. La recherche et la pédagogie peuvent-elles durablement être orientées par des questions d’emploi et de compétitivité ? Le développement intellectuel de la société peut-il se réduire à des questions économiques ? Quelle place pour la diversité des cultures, des langues et des œuvres ?
Ces questions apparaissent à point nommé lors de chaque crise importante. Contrairement à l’idée reçue, une crise n’est pas une difficulté à surmonter, elle représente beaucoup plus que cela. Pour les grecs, Κρίση (la crise) est lié au verbe grec qui signifie séparer et juger. Κρίση représente le moment des choix, c’est l’espace au sein duquel on décide, ou pas, d’une nouvelle perspective de développement.
L’une de nos propositions consiste cette année à intégrer le mouvement artistique au sein de cet espace. La conférence plénière du vendredi avec une Ecole d’Art y est consacrée, ainsi que de nombreux ateliers au cours des trois journées. Ainsi le colloque qui s’ouvre poursuit un double objectif.
Il s’agit, d’une part, de faire un bilan sur les avancées des analyses théoriques dans le domaine des organisations et, d’autre part, de tenter de comprendre les mutations rencontrées aux frontières et au sein des organisations, et en corollaire de mettre en évidence les principaux enjeux de société liés à ces mutations.

 

 


[1] – Blum G. (2013), État de l’art en gestion des connaissances, Actes du 6e colloque GECSO, Université de Nancy.
[2] – Fort bien développé en termes de « relations-connaissances » (David A, 1998, « Outils de gestion et dynamique du changement », Revue Française de Gestion, n° 120, 44-59).
[3] – Piaget, J (1972), « Epistémologie des relations interdisciplinaires », in L’interdisciplinarité : problème d’enseignement et de recherche dans les universités, Paris, OCDE. Version Electronique Fondation Jean Piaget.
[4] – Paraponaris, C, Ermine J.L., Lièvre P.  et Guittard C (2012) « Knowledge Management in a French Research Community – A Case Study of  GeCSO Congress ». Journal of Information and Knowledge Management Systems, Volume 42, n°3-4, November, pp. 302-320, ainsi que le numéro spécial de Management & Avenir coordonné par Pascal Lièvre, n°67, janvier 2014.
[5] – Ermine J-L. et Lièvre P. (2013), Les programmes de recherches en gestion des connaissances, document interne AGECSO.
[6] – Abric, J.-C. (Ed.) (1994). Pratiques sociales et représentations. Paris, PUF.
[7] – Poitou J.P (2007), « Des techniques de gestion des connaissances à l’anthropologie des connaissances », Revue d’anthropologie des connaissances 1/ 2007 (Vol. 1, n° 1), p. 11-34
[8] – Bonnardel, N. (2006). Créativité et conception. Approches cognitives et ergonomiques. Marseille : Solal Editions.
[9] – Lanciano-Morandat, C et Nohara, H (2013) « Societal production and careers of PhDs in chemistry and biochemistry in France and Japan », European Journal of Higher Education, 3 (1), p. 11-29.
[10]Gadille, M et Machado, J (2012) « Multilevel effects of a method of expert’s knowledge transfer », VINE – The Journal of Information and Knowledge Management Systems, 42 (3-4),
[11] – Rastier, F (2013) Apprendre pour transmettre. L’éducation contre l’idéologie managériale. Paris : PUF.

INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES
Lieu du colloque : Université d’Aix-Marseille
3 Avenue Robert Schuman, Aix-en-Provence. France.